Pluie ou pas pluie en ce samedi 15 avril ? L’automne est bien là pour nous accompagner aujourd’hui et fêter les quatorze ans de Karim. Je crois bien que nous voilà partis pour une journée en imperméable et pulls à capuche. Quoiqu’il en soit …

Un super, joyeux, extraordinaire anniversaire, Karim !!

Ce 15 avril, nous sommes dans la baie d’Auckland, proche d’une île classée réserve naturelle. Comme partout en Nouvelle-Zélande, les feux sont interdits, les chiens aussi et les fumeurs à peine tolérés. Heureusement, les enfants sont encore acceptés. Et les jeux de piste ? ça ira pour cette fois !

En cette journée maussade, les enfants ont rendez-vous avec une scientifique complètement loufoque qui a mis à jour les restes d’une civilisation mystérieuse. D’enquêtes en défis, la petite équipe parvient à remettre la main sur les cadeaux d’anniversaire de Karim enterrés dans le sable avant que la marée ne les inonde.

Autre évènement de la journée, notre excursion en début de nuit à la recherche des fameux kiwis. Le ventre rempli de lasagnes maison et de crumble aux framboises, nous partons à la rencontre de cet oiseau emblématique de Nouvelle-Zélande, nocturne et très, très protégé. Avec la discrétion d’un troupeau de gnous en migration, nous arpentons les sentiers de l’ile. Nous revenons deux heures plus tard sans en avoir aperçu, mais peut-être que ce cri entendu au loin… ? Enfin, il nous restera le zoo en dernier recours.

 

A défaut de grandir à toute vitesse, Karim a beaucoup mûri en une année. Il a appris à canaliser son caractère explosif dans un élan de créativité. Il est toujours affairé, avec deux ou trois projets en tête. Notre cadet aime particulièrement écrire, inventer des histoires, dessiner. Il distrait toute la troupe par ses récits mettant en scène deux héros bêtes et rigolos, Morse et Lamantin. Chaque nouvelle aventure est illustrée. Il rencontre un grand succès à bord, à défaut d’une renommée plus large. Un futur écrivain ? L’avenir nous le dira, mais il y a quelque chose à creuser, ça c’est sûr.

Entre Noé et lui, le climat s’est aussi beaucoup apaisé. Chacun a trouvé sa place, sans rivalité. Chacun cultive ses différences avec tolérance. Une jolie complicité les lie désormais. Ses beaux changements chez Karim ont apporté beaucoup de sérénité à bord.

A ton rythme, Karim tu apprends à faire de ton originalité une force. Tu vas découvrir tant de belles opportunités s’ouvrir à toi. Le monde t’attend !

Le 21 janvier 2023

 

Youpi !

C’est l’anniversaire de Louis !

Il a sept ans, aujourd’hui !

Tout le monde est ravi !

 

(Quel talent de poétesse, cette Véronique, encore une fois, elle se surpasse pour cette nouvelle chronique.)

 

Cette année, Louis a demandé un anniversaire comme celui que ses frères ont eu, si souvent, avec leurs copains d’école. Un anniversaire avec un grand jeu de piste, un trésor à se partager et un beau gâteau tout décoré. Notre petit dernier aimant toujours autant se déguiser et jouer à la bataille avec ses frangins, le thème du jeu est assez vite trouvé. Chevaliers et dragon.

Dominique sera le Gardien des clés qui tentera de coller les jeunes par ses énigmes impitoyables. Je ferai la Sorcière que les enfants doivent amadouer en l’aidant à confectionner sa potion effervescente. Cela mènera toutes nos jeunes jambes au Dragon, Gardien du saint-Aargl qu’il faudra bien évidemment affronté pour obtenir le trésor.

Après avoir victorieusement triomphé de toutes leurs épreuves, notre troupe de chevaliers est rejointe par leurs parents pour un goûter sur la plage.

 

Sept ans déjà pour notre petit gars. Louis est toujours aussi tête de mule, indépendant et charmeur. Ayant passé bientôt cinq ans sur les flots à vivre dans un bateau, notre mousse a parfois de drôles de références qui nous surprennent toujours. Au cours de cette étape néozélandaise, nous avons beaucoup de joie à montrer à Louis le goût des capucines et des trèfles dans les prés, les fruits et légumes des pays tempérés. Nous nous rendons compte que découvrir la vie aux côtés de Louis, nous permet de poser un regard différent sur tout ce qui nous entoure et ça, c’est vraiment magnifique!

 

Explorer le monde à tes côtés est un bonheur que tu nous offres tous les jours. Merci, Louis, de ce précieux cadeau !

Nous t’aimons si fort !

 


Et pour les plus téméraires, voici l’une des énigmes de notre Gardien des clés. Serez-vous aussi doués que notre bande de chevaliers pour trouver la réponse ?

Qu’est-ce qui réfléchit sans réfléchir ?

Réponse dans le prochain article, fidèles lecteurs !

Youpi !! Nous sommes enfin le 21 septembre 2022 et Yianis a 10 ans aujourd’hui !

Happy Birthday Yianis

(Eh oui ! Nous sommes en terre anglophone)

 

Vous connaissez peut-être ce film « Seul au monde » avec Tom Hanks. C’est sur l’ile où a été tourné le film que nous fêtons l’anniversaire de Yianis, l’ile de Monoriki, à l’ouest des Fiji. Et pour passer cette belle journée avec nous, on a embarqué, pendant une semaine, un nouveau mousse, Timothée, un bon copain de Yianis.

Sitôt le déjeuner avalé, Dominique emmène les garçons à terre pour un tournoi de ping pong. Pendant ce temps, je prépare le gâteau. Karim, quant à lui, installe un jeu de piste de son invention. Une histoire de pirates, de chasse au trésor avec indices et énigmes à résoudre. Le jeu de piste occupe la fin de matinée. L’après-midi se passe en baignade, jeux sur la plage et film. Enfin, pour terminer la fête, nous faisons des grillades sur la plage. Les enfants veulent dormir à terre et nous installons un bivouac avec hamac et sacs de couchage.

J’aurais aimé que cette journée se finisse bien, malheureusement un sale coup de vent vient jouer les trouble-fêtes. Notre voilier se retrouve à ras-la-plage, la quille touchant les patates de corail à chaque vague. Nous réancrons dans une zone plus éloignée, mais la nuit reste agitée et inconfortable. Le bivouac à terre est annulé et Yianis est bien triste de voir sa belle fête se terminer ainsi.

 

De toute l’équipe, Yianis est le plus facile à vivre. Toujours partant pour une activité, travaillant bien à l’école, bon camarade, d’un caractère conciliant. On aimerait bien qu’il déteigne un peu sur ses frangins. Il aime jouer au lego avec Karim, faire des parties de dés avec son papa, lire une énième série fantastique sur sa liseuse, s’entrainer au plongeon arrière ou au volleyball et, plus que tout, se remplumer avec les douceurs d’un bon goûter.

Mais notre petit gourmand est aussi facilement angoissé et notre quotidien de marin lui demande souvent de surmonter ses peurs. Cette journée d’anniversaire résume bien notre vie sur l’eau. Beaucoup de liberté, de beaux paysages, de joyeux moments, mais aussi des coups durs et stressants qui arrivent sans prévenir.

 

Cher grand Yianis, ton enthousiasme est très précieux pour toute la famille. Nous t’aimons tous très, très fort !

 

 

 

 

8 juin 2022

 

On échappe à nos préparatifs intenses pour les Fidji pour passer quelques jours à Moorea et fêter notre ainé.

Organiser les quinze ans de Noé m’a laissé un peu déboussolée. A cet âge-là, finis les chasses-au-trésor, les jeux de piste et parties de cache-cache. Comment alors occuper la journée pour qu’elle soit belle et inoubliable.

-Une sortie cinéma ? Bof !

-Un bon restaurant ? Maman cuisine bien mieux !

La seule exigence de Noé, c’était d’avoir des copains. Souhait exaucé puisqu’on a la chance d’avoir une super famille comme voisins de mouillage. Cinq enfants entre 2 et 15 ans et deux parents bien audacieux. Ce sont les Profité.

Les surprises commencent dès le déjeuner avalé. Noé reçoit un fusil-harpon flambant neuf qui le laisse bouche bée de plaisir. Dès que le soleil chauffe assez, les hommes de Wave Dancer et de Profité partent à la chasse. Ils reviennent bredouilles une bonne heure plus tard. Les poissons semblent avoir désertés le lagon de Moorea au profit des touristes.

L’après-midi se passe en jeux sur la plage avec les copains, puis en session wakeboard avec Dominique. On se retrouve ensuite treize pour dévorer les hamburgers maison, spécialité du bord. Les enfants enchainent les jeux de société pendant que les parents papotent dans le cockpit.

 

On te souhaite tous un très bel anniversaire Noé !!

 

C’est une adolescence vraiment différente que vit Noé à nos côtés. Souvent avec ses frères pour seuls copains, épargné des pressions scolaires, grandissant à son rythme sans subir les assauts d’une hyper connectivité.

Il a appris à être créatif pour occuper le temps en mer, à s’adapter à notre environnement sans cesse en changement. Il a compris l’importance des langues et se réjouit de notre passage par les Fidji et la Nouvelle-Zélande pour améliorer son anglais.

On a désormais, à nos côtés, un jeune homme épanoui dans cette vie de marin, curieux d’apprendre et de rencontres, sur qui on peut compter en cas de besoin et depuis peu passionné de kitesurf !

 

Tu en as fait du chemin, Noé, depuis notre départ. Toi qui, petit, était vite perdu et en colère face aux obstacles. Nous sommes fiers de voir l’adulte que tu es en train de devenir !

 

  

 

Ce 15 avril 2022, Karim a treize ans. Nous fêtons notre cadet dans le lagon de Fakarava, au mouillage de Hirrifa que nous connaissons bien.

 

Joyeux anniversaire Karim !!

 

Karim, c’est notre artiste éternel incompris, notre grand cœur sensible, notre inventeur léonardesque, parfois volcan explosif, souvent enfant d’appartement.

Du haut de ses treize ans, Karim n’a pas encore sauté dans l’adolescence. Il aime s’imaginer aventurier à la poursuite de pirates sanguinaires, espion à la mission périlleuse ou navigateur des mers inconnues. Face à son imagination débordante, la réalité lui semble parfois trop terne pour l’intéresser. Il passe des heures à lire, à dessiner, à construire ses idées en lego (l’hydrocoptère et l’arbalète sont les dernières à avoir vu le jour).

Pour son anniversaire, il ne souhaitait qu’une chose, un grand jeu de piste avec personnages, énigmes et trésor à la clé. Pour répondre à ses attentes, Dominique et Noé ont dû se travestir en sauvages et moi, en naufragé. Nos trois plus jeunes se sont alors embarqués en kayak à la recherche du trésor de Jean le Terrible, célèbre pirate des mers du Sud. Vous ne connaissez pas ? Etonnant !

 

En ce jour d’anniversaire, le programme a été bien chargé. Outre le jeu de piste qui a occupé l’après-midi, Karim a passé la matinée en cours de kitesurf avec le meilleur professeur de Polynésie, Adrien. Depuis quelques semaines, Karim avait déclaré ne pas vouloir poursuivre les efforts en kitesurf. J’étais un peu déçue et ne comprenais pas sa décision. A force de creuser, j’ai saisi que le problème venait de son Papa, pas très pédagogue pour l’encadrer. Le cours avec Adrien est venu à point nommé, motivant à nouveau Karim à reprendre l’apprentissage.

La journée s’est poursuivie dans le désordre avec des grillades à la plage, un bon film, un fondant au chocolat et une ribambelle de cadeaux. Le sourire et la joie de Karim tout au long de cette magnifique journée restent pour tous les plus beaux des souvenirs. Ce n’est pas tous les jours que nous voyons Karim aussi épanoui.

On ne peut le cacher, vivre avec Karim n’est pas simple et les contraintes de la vie ne sont pas simples pour Karim. Il se compare souvent à ses petits frères qui ont des avantages qu’il n’a plus, mais ne remarque pas les bons côtés que lui apportent les années qui passent. Si effectivement, il doit ranger ou faire la vaisselle plus souvent que Yianis ou Louis, il peut désormais voir des films de grands, rester seul à bord ou faire du kitesurf. Nous avons droit à quantité de disputes entre lui et Louis. Karim peine à comprendre que nos attentes ne sont pas les mêmes pour un enfant de treize ans et un enfant de six ans.

Hyper sensible, il vit tout très intensément, ses joies comme ses frustrations. Nous n’avons pas toujours la patience et l’attention qui lui seraient nécessaires pour l’aider et l’accompagner. J’aime à dire qu’amener Karim sur le chemin de la vie adulte sera sans doute le plus grand défi que la vie nous donnera à relever.

 

Nous t’aimons très fort Karim !

 

 

21 janvier 2022

Bon anniversaire, Louis !!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce vendredi matin, surprise au réveil ! Le petit déjeuner n’est pas tout bien installé sur la table comme d’habitude. Non, ce matin, il n’y a rien ! Mais, c’est quoi cet anniversaire ?

Bon, vous commencez à me connaitre et pensez bien qu’il y a quelque chose qui mijote derrière tout ça. Alors aussitôt que Noé a émergé des fins fonds de son sommeil, on embarque dans l’annexe direction le centre-ville d’Uturoa, sur l’île de Raiatea. Dans cette minuscule bourgade, on trouve une perle rare, une délicieuse boulangerie ! Ca ira pour le petit déj ?

La suite de la matinée se passe à la maison de l’enfance pour Louis et Dominique. Un lieu avec pleins de jeux pour les petits : bain de boules, dinette, train en bois, ...

 

L’après-midi, nous retournons tous à terre pour retrouver un copain de Louis, Léo. Au programme, Karim nous a organisé des jeux pour se défouler. Je remarque que je ne suis pas très rapide pour la balle assise crocodile, contrairement à Yianis qui semble presque plus à l’aise en mode quadrupède que bipède et se montre un redoutable adversaire. On enchaine avec un loup perché, puis glacé et une partie de cache-cache. Enfin, Karim a la bonne idée de proposer une chasse aux trésors. On va pouvoir souffler un peu ! Comme récompense, Louis et Léo gagnent tous deux un escargot en tresse confectionné par Yianis le matin. Pas mal, mon équipe de choc !

 

On termine la journée au bateau avec le traditionnel gâteau-cadeau et film. Léo reste dormir chez nous et on l’emmène tout le weekend avec nous sur un motu près de Tahaa.

 

 

Aux dires de ses frères, notre Louis de six ans est une vraie crapule. Mauvais perdant, capricieux, ne rangeant jamais ses affaires. Seul Yianis parvient à lui trouver un peu de positif, il est souvent partant pour un jeu. Un tableau assez péjoratif de notre benjamin. Je vais essayer de rétablir la vérité, mais il faut avouer que mes grands n’ont pas complètement tort en décrivant leur petit frère.

A six ans, Louis adore se déguiser en guerrier armé d’un bâton-pistolet, jouer à l’agent secret avec une paire de chaussettes aux pieds pour être plus silencieux  ou construire une cabane gonflable sur le pont avec son duvet. Comme tous ses frères, il passe de longues heures à dessiner et jouer au lego. Dans l’eau, il tente dorénavant de descendre en profondeur, de plonger sous l’annexe et commence à essayer les plongeons. Pour l’instant, ce sont encore les pieds qui rentrent dans l’eau en premier, la technique reste encore à approfondir !  A l’école, Louis a bien progressé depuis la rentrée. Il commence à lire ses premières phrases du genre : Lilou a cassé le joli vélo. Il travaille aussi les additions et soustractions. Enfin, vous l’aurez compris, sa maitresse est bien fière de ses progrès.  

Cette année a aussi été un nouveau cap à franchir pour Louis. Fini de se la couler douce, lui aussi a rejoint le tableau des tâches et doit dorénavant participer, à sa mesure, aux contraintes familiales. Il met la table les samedis, sèche la vaisselle trois jours par semaine et participe à la cuisine les dimanches en qualité de chef légumes. C’est lui qui pèle et coupe.

 

Cher Louis, tu grandis bien vite et t’affirmes haut et fort mais, heureusement, tu restes toujours aussi mignon !

On t’aime fort !

 

 

   

Nous sommes le 21 septembre 2021 et Yianis fête ses 9 ans, aujourd’hui.

Voilà deux jours que le confinement est levé en Polynésie. Nous pouvons à nouveau naviguer et aller à terre librement. Youpi !

Après une petite baignade dans notre beau mouillage de confinement à Moorea, nous levons l’ancre. Petite sortie baleine pour divertir la matinée. Tous les gosses sont sur le pont, jumelles en main, à la recherche d’un souffle. C’est comme ça que l’on repère les baleines de loin. Mais, aujourd’hui, elles font les timides et nous regagnons le lagon sans voir de cétacés. Nous ancrons près d’une des rares plages publiques de l’ile.

L’après-midi, les Wave Dancer prennent d’assaut le sable blanc. On se baigne, on fait du volleyball (ou plutôt, on tente), des parties de balle assise, on joue au sable. Que ça fait du bien de pouvoir se dépenser à terre ! La journée se termine avec la traditionnelle session gâteau-cadeaux. Côté douceur, un brownie chocolat-coco (à défaut de noix). Côté surprise, chacun a, comme d’habitude, bien travaillé. Karim a fait un nouveau jeu, le Gobbit. Louis, une tresse au chocolat. Noé, des personnages Lego. Dominique, un collier et un bracelet en nacre. Et moi, une trousse. Notre Yianis est bien gâté.

 

Du haut de ses 9 ans, Yianis nous semble encore bien petit. Entre ses deux ainés et Louis qui pousse vite, il reste toujours une vraie crevette.

Incapable de rester tranquille deux minutes, on le retrouve suspendu partout dans le bateau. A l’école, il préfère avoir les pieds sur la table et les mains dessous. Il aime lire en faisant la pièce droite dans son lit. Notre Yianis est plus souvent singe que crevette. Malgré tout, c’est le plus discret de la bande, le plus timide aussi.

Ces derniers temps, tout n’est pas simple pour Yianis. Il a beaucoup de colère et d’angoisse. Colère face aux taquineries de ses frères, face aux difficultés à l’école et aux impératifs de la vie. Angoisse de la navigation en haute mer depuis notre passage dans les calmes lagons des Tuamotu. Beaucoup de choses à surmonter pour un petit gars !

Cher Yianis ! Grandir, c’est surmonter ses difficultés. N’oublie jamais que tu nous trouveras toujours à tes côtés pour t’aider.

Nous t’aimons tous très forts !!

 

Ah, l’annexe ! Que d’heures de discussions échangées entre voileux sur nos petites embarcations secondaires. Chacun y va de son conseil, relate ses mésaventures. Certains sont adeptes du gonflable, d’autres ne jurent que par le rigide. Quelques-uns aiment à noter le nom de leur bateau dessus, précédé de l’abréviation AXE. On ignore encore si c’est de peur de ne pas reconnaître son annexe ou par simple besoin de marquer ses possessions. D’autres, plus sensés à notre avis,  jurent que c’est une combine à se faire dévaliser le bateau. Quoiqu’il en soit, on pourrait tous écrire des pages entières sur nos annexes.

Après trois ans de vie intense sous le soleil tropical et l’assaut de ses six passagers réguliers, notre pauvre annexe est en bout de vie. Depuis quelques mois, nous sommes obligés, avant chaque trajet, de regonfler tous les boudins et d’écoper une bonne trentaine de litres d’eau. Notre annexe est percée de toutes parts, le tissu PVC est tellement usé qu’il est devenu poreux et pour couronner le tout, elle prend l’eau. Il est vraiment temps d’en changer ! Mais cela ne se fera pas sans lui rendre un dernier hommage, car elle nous en a rendu des services.

 

Histoire d’une annexe ou suite de mésaventures sous les Tropiques

 

Février 2019

Nous sommes à Marie-Galante dans les Caraïbes. Ce soir, c’est fête sur la plage. Au lieu de tirer notre annexe sur la plage comme on le fait d’habitude, Dominique décide de mettre en pratique le tout dernier conseil reçu par un sympathique plaisancier. Laisser son annexe à l’ancre juste en arrière des rouleaux qui cassent en arrivant sur la plage. C’était sans compter sur la marée qui a reculé la limite où les vagues se cassent. Quelques heures et bières plus tard, nous retrouvons notre annexe remplie à ras bord d’eau. Les palmes, masques et shlaps que nous y avions laissés flottent de ci de là ou sont définitivement coulés au fond. Si notre annexe n’a pas trop souffert de son bain de mer, notre moteur a beaucoup moins aimé. Quelques mois plus tard, le levier de vitesse lâche et se fait remplacer par une clé à fourche.

 

Juillet 2019

Nous sommes en Colombie, à Carthagène. Juste avant de lever l’ancre, Dominique se rend en ville pour une dernière course. En général, souvent un paquet de tabac. Il amarre l’annexe au mauvais endroit. Celle-ci sert de pare-battage à un voilier venu s’amarrer au même ponton. Retour sur Wave Dancer avec un boudin tout dégonflé. Et un nouveau patch pour l’annexe, un !

 

Septembre 2019

Retour en annexe à la marina en compagnie de Bruno et Andy, deux argentins. Nous sommes au Panama. Soudain, on se plante sur une patate de corail. Pas moyen de se sortir de là. Nous sommes obligés de descendre dans l’eau et de soulever l’annexe pour pouvoir se dégager. On constate alors les dégâts. Nous nous sommes empalés sur un poteau coupé à fleur d’eau et sensé désigner la patate aux navigateurs. Le poteau est désormais plus dangereux qu’utile. Le fond de l’annexe est éventré sur cinquante centimètres. Le retour se fait avec trois personnes occupées à écoper pour éviter de couler. On rencontrera ensuite plusieurs voiliers qui ont eu la même malchance que nous. Notre annexe en est quitte pour avoir une nouvelle réparation.

 

Mars 2020

De retour au bateau à Mangareva, aux Gambier. Un coup de vent descendant des montagnes retourne l’annexe que nous venons de quitter. A nouveau, c’est la pêche aux shlpas. Dominique devra se salir les mains avec un bon nettoyage du moteur.

 

Février 2021

Le coup de grâce est donné aux Marquises, dans la baie de Taiohae. A nouveau, Dominique repart pour une ultime course avant de lever l’ancre. Il revient avec une annexe toute dégonflée. Un requin gris a mordu l’arrière de notre annexe alors qu’elle était à quai. On voit la forme de la mâchoire et les nombreux petits trous laissés par les dents. On vous rassure, cela arrive très rarement. D’ailleurs quand on raconte ça aux copains voileux, ils haussent gentiment les sourcils. Mais à voir les pêcheurs de Taiohae lancer les déchets des thons fraîchement pêchés au beau milieu des annexes amarrées au quai, le doute se lève.

 

Nous en avons passé du temps à réparer notre annexe. On a renforcé tout l’avant avec des patchs en PVC. On a tenté de l’imperméabiliser avec un mélange de White Spirit et de silicone. On l’a enduite à de nombreuses reprises avec de l’eau savonneuse pour repérer les nouveaux trous. On a patché de tous côtés les boudins en utilisant tout ce qu’on avait sous la main, la colle bicomposant, la colle de contact, le Sika. Et finalement, on a craqué et ouvert la bourse !

 

Bien à vous !

 

 

 

Nous sommes le 8 juin 2021 et c’est l’anniversaire de Noé ! Aujourd’hui, il fête ses quatorze ans.

Joyeux anniversaire Noé !!

 

Pour fêter notre ainé comme il se doit, on a choisi un cadre idyllique. Il faut dire qu’en Polynésie, c’est difficile de trouver un endroit qui ne soit pas magnifique. Les deux derniers anniversaires de Noé n’étaient pas les plus chouettes. Entre ses douze ans coincés à Santa Marta en Colombie en attendant nos papiers d’entrée et ses treize ans au Gambier après cinq jours de tempête. Cette année, on avait vraiment envie d’un bel endroit. C’est chose faite, puisque nous sommes ancrés dans le plus beau mouillage de Tahanea. Les voiliers l’appellent Seven Anchorage. Ce petit coin de paradis doit son nom à un récif de corail formant un sept et délimitant une zone de mouillage bien abritée. Sous la coque de Wave Dancer, 12 mètres d’eau transparente et foisonnante de vie. Au loin, quelques îlots verdoyants ceinturés de plage de sable. Voilà pour le cadre.

Côté participants, nous avons invité la plus fine équipe. Tous sont prêts à rendre cette journée inoubliable pour Noé. Ils ont passé des semaines à fignoler leurs cadeaux et la matinée à cuisiner des bonnes choses. Vous avez sûrement deviné, c’est les del Blanco.

Pour le programme, on ne fait pas dans l’original. Grillades au feu de bois sur la plage, baignade, snorkeling, jeux, film, cadeaux et bon repas. Nos grillades seront quand même interrompues par un grand évènement. Dominique revient portant fièrement au bout d’un bâton, notre premier crabe de cocotier. Une sorte de Bernard l’Ermite géant et sans coquille qui finira ébouillanté le soir même en guise d’apéro.

 

 

Noé est maintenant un grand gaillard d’1m75 avec ses secrets d’adolescent, ses émotions pas faciles à gérer et sa force qu’il ne parvient pas toujours à contrôler. Il oscille entre le monde de l’enfance et le monde adulte. On le voit aussi bien jouer au sable avec Louis que papoter voile avec les autres bateaux. Mais quel que soit le cadre, il sait s’adapter.

A Hao, il avait sa vie remplie de copains, de sorties loin des parents et son rythme scolaire avec ses contraintes. Il a su tirer parti de tout ça. En discutant avec son prof de sciences, il s’est organisé un baptême de plongée.

Aujourd’hui que nous avons repris le voyage tous les six, il retrouve le plaisir d’accompagner son père à la chasse ou de plonger en apnée. Il aime gérer ses quarts de nuit tout seul et commence à toucher le réglage des voiles.

Mais tout n’est pas toujours simple néanmoins. Noé peine à accepter les remarques de ses parents. Etonnant, ça ! Quand on a, à la fois, le rôle de parents et d’enseignant, cela nous rend la tâche bien ardue.

 

Grandis bien Noé ! La sagesse est au bout du chemin. Enfin, on l’espère !

 

 

Aujourd’hui, 15 avril 2021

Karim a 12 ans !!

Joyeux anniversaire, mon grand !

 

Pour le douzième anniversaire de Karim, nous sommes mouillés dans le lagon d’Amanu en compagnie d’un bateau-copain, les Seacroods. Leur fils, Ilian est du 22 avril et nous décidons de fêter nos deux cadets le même jour.

Nous avons tous préparé une petite activité et la journée est fort animée.

Dès 9h30, Sofiene, le papa des Seacroods emmène les enfants à tour de rôle pour faire du wakeboard. Pour les nôtres, c’est une première. Pas facile de se sortir de l’eau. A la deuxième série, Karim y parvient et se maintient sur sa planche quelques secondes. Pour Noé et Yianis, c’est plus difficile. Dominique ne résiste pas à montrer ses souvenirs de jeunesse. Il tente même quelques virages avec une certaine classe il faut l’avouer !

Après la pause de midi, tout le monde rejoint la terre pour une chasse au trésor que j’ai organisée. Des postes sont disséminés le long du motu. Charade, puzzle, message secret à décoder qui mènent toute la troupe vers le trésor. Chaque enfant repart avec un sachet de biscuits faits maison.

Nous nous retrouvons ensuite tous sur Wave Dancer pour le goûter d’anniversaire et l’échange de cadeaux. Chacun d’entre nous a préparé une surprise pour nos deux heureux larrons. Colliers, bracelets, origami, sabre en bois, … Chaque bateau a ses petites spécialités. Puis, nous enchainons avec des jeux en équipe qu’Isabel, la maman des Seacroods a organisé.

Enfin, le soir, c’est sur le grand Lagoon des Seacroods que nous terminons la journée avec un chili con carne et quelques parties de Loup Garou, le fameux jeu de rôle.

Que de beaux souvenirs !! Notre Karim a eu le sourire jusqu’aux oreilles tout au long de la journée. Ses frères décrètent qu’il a bien de la chance. C’est le plus chouette anniversaire de tout notre voyage !

 

A douze ans, Karim reste encore un petit garçon qui aime à s’imaginer super-héros vivant les plus folles des aventures. A bord, il passe des heures avec Yianis et Louis a imaginé des histoires pour ses peluches ou ses Lego. Voilà qui occupe bien les navigations. Par contre, il faut évidemment que ces aventures se racontent à haute voix et, si vous connaissez un peu Karim, à plein volume. Nos oreilles ont parfois un peu de mal !

 

Solitaire, casanier, original, imaginatif, explosif, le cœur tendre et surtout … surprenant ! Voilà notre cher Karim !

 

Dernière surprise en date : après avoir laissé pousser ses cheveux depuis le départ, Karim a soudain décidé que le temps était venu de les couper. Ses 30 cm de mèches blondies par le soleil des Tropiques ont rejoint les eaux turquoise du lagon d’Amanu. Quel changement !

 

 

 

Du 23 mars au 2 avril 2021

 

Notre arrivée à Hao est fort joyeuse. Amarré au même ponton que nous, une famille belge avec trois enfants de l’âge des nôtres, les Seacroods. Entre nous tous, l’entente est immédiate. Leurs enfants vont aussi à l’école. Cela sera plus facile pour nos garçons de retrouver les bancs des écoliers avec quelques copains.

Nous retrouvons aussi les amis de Hao que nous avions quitté il y a quelques mois, Nini, Nicole et Didier.

 

Le lendemain de notre arrivée, je file inscrire les enfants à l’école. Les deux grands iront au Collège. Les deux petits à l’école primaire. Chaque établissement me demande un certain nombre de papiers, mais pas du tout les mêmes, étonnamment.

Je dois effectuer une visite médicale pour les plus petits.

Je dois contracter une assurance scolaire pour les deux grands. Entendez par là une assurance Responsabilité Civile.

Je fais le tour de toutes les institutions de Hao ; poste, mairie, hôpital pour rassembler tous les documents. Mais cela reste assez facile et en deux jours les garçons sont inscrits à l’école.

 

Lundi 29 mars, c’est le jour de la rentrée. On se lève tôt au Tuamotu ! Les grands doivent être à 6h50 au Collège situé en dehors du village. Nous leur avons trouvé deux vélos chez nos amis Didier et Nicole pour s’y rendre plus rapidement. Les petits démarrent à 7h20 et se rendent à l’école en minibus.

Cela nous fait tout drôle à Dom et moi de se retrouver les deux, surtout au moment du repas de midi. Quel calme ! Nous occupons la journée à tenter de réparer notre vieille annexe. La pauvre fuit de partout et prend l’eau. Chaque matin, il fallait compter une quinzaine de minutes pour la remettre en forme. Le temps d’écoper 50  litres d’eau, puis de regonfler tous les boudins.

Vers 15heures, nous sommes impatients de voir notre troupe de retour et de savoir comment cela s’est passé. Les petits arrivent les premiers. Yianis est soulagé car le repas de la cantine lui a plu. Il a aussi montré ses talents en lecture. Mais la journée a été bien longue à son goût. Louis est tout joyeux, mais nous ne saurons pas trop ce qu’il a fait. Les grands arrivent peu après avec un peu de devoirs, mais assez contents. Ouf !

 

Cette première semaine file à toute vitesse. Les vacances de Pâques arrivent et les enfants ont déjà congé vendredi. La fin de la semaine est assez relax pour les grands. Environ la moitié des élèves est rapatriée dans leurs îles natales dès mercredi en vue des vacances. Le programme est allégé, certains cours annulés. Bref, ce n’est pas cette semaine que nous saurons si on a bien travaillé sur le bateau pendant deux ans et demi.

Côté parents, on a bien bossé malgré deux jours assez pluvieux. L’annexe est réparée. Il nous reste à voir si cela va tenir le coup. Nous avons aussi poncé et poliché tout un côté de la coque. Mais cette semaine sans enfant, c’est aussi l’occasion d’avoir un peu de temps à deux. De discuter en tête à tête sans oreille qui traine. De prendre du temps pour soi. Ça nous fait un bien fou !

 

Après cette « dure » reprise d’une vie sérieuse, place au repos !! Déjà ! Les enfants ont deux semaines de vacances pour Pâques. Nous partons à Amanu, le lagon d’à côté.

Bisous !

 

   

Aujourd’hui, 21 janvier 2021, c’est jour de fête sur Wave Dancer. Louis a cinq ans !

 

Bon anniversaire Loulou !!

 

Au programme, plage et grillade ?

Eh non ! Pour une fois, ce sera dans l’eau douce que se baignera l’équipage del Blanco. Direction la cascade d’Ua Pou repérée quelques jours plus tôt. Petite marche, pique-nique et baignade dans la rivière animent cette belle journée.

De retour au bateau, Louis est couvert de cadeaux. Comme toujours, chacun a bien travaillé. Serpent en peluche, livres d’histoire et de coloriage, colliers, bracelets et un nouveau jeu, le Labyrinthe. La journée se termine avec un chouette dessin animé, un bon repas et un délicieux gâteau.

 

En bon petit dernier, Louis grandit à toute vitesse pour suivre le reste de la fratrie. Il cartonne dans les jeux de société, adore les scènes d’action de James Bond, marche quinze kilomètres sans se plaindre, tente de descendre en profondeur sous l’eau et fait des concours avec Noé pour être celui qui mange le plus à table. Ça promet !

Mais bien qu’il soit précoce dans pleins de domaines, il est, par contre, encore tout petit et chouchouté dans d’autres. On ne lui a jamais appris à mettre ses chaussures tout seul car on n’en porte quasiment pas et enfiler un pull à l’endroit est un vrai exploit quand on vit en culotte du matin au soir.

Cette année, Louis a aussi découvert que grandir, c’est parfois s’ennuyer. Lui, qui était si facile à occuper alors que ses grands frères travaillaient à l’école, a commencé à ne plus savoir quoi faire. Le moment était venu pour lui de rejoindre la tribu autour de la table. Mais bien que Louis soit content de faire comme les grands, les débuts n’ont pas été si faciles. Nous avons dû, lui et moi nous apprivoiser dans nos rôles de maitresse et élève. J’ai compris qu’il y a des jours où l’école n’a pas sa place chez ce petit bonhomme qui s’affaire alors tout le matin sur ses lego. Et d’autres où il passe une heure et demie tout concentré.

 

Aujourd’hui, notre petit dernier a cinq ans. Il a passé la moitié de sa vie sur un bateau, sous les Tropiques. Tout bronzé, avec ses cheveux rastas et son collier de perles, il a vraiment un air de voyageur.

 

N’oublie jamais combien ta liberté est précieuse, Louis !

On t’aime tous beaucoup !

 

 

 

Janvier 2021

En cette période de fêtes, j’avais envie de partager avec vous une autre manière de gâter ses proches. Peut-être, inspirera-t-elle quelques-uns d’entre vous pour l’année prochaine?

A notre premier Noël sur le bateau, j’avais proposé à mon équipe un tirage au sort. Chacun de nous devait préparer un cadeau pour l’un des membres de la famille en grand secret. Le secret a vite été éventré sachant, qu’à cette époque, Yianis en était encore au prémisse de la lecture et Louis bien loin de déchiffrer ses premières lettres. Pas évident pour ces deux-là de parvenir à lire le nom marqué sur le petit billet qu’ils avaient tiré. La surprise était un peu moins grande, mais le plaisir d’offrir et de recevoir un objet fait main a fait mouche.

Au fil du temps et des anniversaires, sans aucune obligation ou suggestion, chacun de nous s’est mis à préparer un cadeau fait par ses soins. Nous nous y mettons tous plusieurs semaines avant la date butoir. Chacun choisit une idée et rassemble le matériel dont il a besoin. Il s’agit souvent de matériel récupéré. Des cartons d’emballage, du bois flotté, des coquillages, des chutes de tissus, … Nous avons tous notre petite spécialité. Karim aime travailler le bois, Dominique et Yianis fabriquent des bracelets et colliers, Noé est spécialiste des accessoires Lego, Louis cuisine des douceurs et je crée des jeux de société.

Le jour de l’heureux évènement, tout le monde est impatient. Les uns parce qu’ils vont enfin pouvoir offrir ce sur quoi ils ont travaillé durant plusieurs semaines. L’heureux élu car il a la chance de découvrir cinq cadeaux remplis d’amour.

 

Il y a quelques semaines, j’ai exprimé à haute voix mon envie de rejoindre une petite ville aux Marquises pour trouver quelques cadeaux de Noël pour les enfants. Noé, qui a toujours les oreilles qui trainent partout, m’a tout de suite reprise : « Mais Maman ! Les cadeaux de Noël, c’est nous qui les fabriquons ! » Je me suis sentie fière d’entendre mon fils de 13 ans faire cette remarque à un âge où beaucoup ne jure que par des habits de marque ou le tout dernier téléphone sorti sur le marché.

Avec cette manière d’offrir, nous apprenons la valeur des choses, nous apprenons à imaginer une idée et à la réaliser avec les moyens du bord.  Les enfants apprennent aussi à coudre, manipuler une perceuse, une scie, planter un clou, suivre une recette de cuisine. Le cadeau devient beaucoup plus qu’un simple objet à déballer.

 

Alors, pourquoi pas vous ?

 

Joyeux anniversaire Yianis!!

21 septembre 2020

 

C’est ancré tout au fond du lagon de Hao, dans les Tuamotus que nous fêtons les huit ans de Yianis. Une belle eau turquoise, une jolie plage, du poisson à griller, des cocotiers, c’est presque devenu la routine pour fêter notre grand bonhomme. Pour son dernier anniversaire, nous étions dans les îles des San Blas. Une année après, le paysage et le programme n’ont pas beaucoup changé.

Grillade et baignade

Cadeaux et gâteau

Amour comme toujours !

Yianis, par contre a bien grandi. En une année, il a croché sur la lecture. Toujours le nez planté dans un bouquin au moment de passer à table ou de commencer l’école. Sa couchette est remplie de mangas et de bandes dessinées qu’il a plaisir à redécouvrir après en avoir feuilleté les images pendant des années.

A huit ans, le voilà aussi devenu un peu plus crapule. Il s’affirme désormais haut et fort face aux taquineries de ses frères. Voilà qui ajoute encore un peu plus de brouhaha dans le bateau. On en manquait justement !

Mais lorsqu’il s’agit de faire quelque chose avec son Papa, c’est toujours le premier partant. Ces deux-là sont très complices. Bien souvent, Yianis renonce à un jeu avec ses frères pour accompagner son cher Capitaine à la pêche, en balade ou pour faire les commissions. On le retrouve même suspendu à faire des tractions pour suivre l’exemple de son père.

 

Cher Yianis, te voir grandir et changer est un vrai bonheur ! On est très fiers de toi !

 

Juin 2020

Ça y est, c’est vécu ! Nous avons eu droit à notre première croquette avec un autre voilier. Nous avons décroché du mouillage à Mangareva et sommes venus cogner nos voisins de mouillage. Après quelques semaines pour digérer, je peux partager avec vous cette mauvaise mais néanmoins riche expérience !

 

De retour de deux semaines paradisiaques dans les motus du Nord, nous rejoignons Mangareva car le mauvais temps arrive. Rien de très sérieux, 25 nœuds de vent dans les rafales. Tranquille ! Nous prévoyons un petit stop express pour se ravitailler au village avant de partir sur Taravai. Insouciants, on mouille avec une seule ancre et peu de chaine. 50 mètres dans une profondeur de 15 mètres. Vraiment, des vrais bleus !

Nous décidons finalement de nous attarder un peu plus longtemps au village. Le temps est gris et sans un souffle d’air. Ce n’est pas l’idéal pour naviguer jusqu’à Taravai et le Capitaine a de la mécanique à faire. Notre alternateur moteur a lâché. Faute de soleil et de vent, nos batteries sont complétement à plat et pas moyen de les recharger avec le moteur. Nous avons dû éteindre le frigo et ne consommons de l’électricité que pour nous éclairer et faire tourner la pompe à eau.

Après deux jours de calme plat, le vent se met à souffler. D’abord entre 15 et 25 nœuds. Nous tenons  bien et sommes assez confiants. Mais assez rapidement, le vent forcit et monte jusqu’à 40 nœuds dans les rafales. Ce qui devait arriver se produit, on décroche sous les rafales de plus en plus fortes. A bord, c’est vite la panique. Nos batteries sont à plat, le moteur peine à démarrer. Nous nous rapprochons à vive allure de notre voisin de mouillage. Dominique s’acharne pour démarrer le moteur. Noé et Karim préparent les pare-battages. De mon côté, j’installe notre deuxième ancre. Je n’ai pas le temps de la mouiller que nous sommes déjà sur le voilier d’à côté, Hakuna Matata. Entre temps, Dom a réussi à allumer le moteur. Malheureusement, trop tard pour éviter le choc. Crraac ! Nous percutons son avant avec notre côté bâbord. Sa delphinière vient s’appuyer sur notre chandelier et se coince dans notre filière. Sa chaine passe derrière notre quille. Nous essayons de faire marche avant et marche arrière, de remonter l’ancre pour nous éloigner de lui. Rien à faire. Dans notre dérive, nous avons ramassé son ancre avec la nôtre et l’entrainons avec nous sur les autres voiliers à proximité. Je nous vois nous rapprocher de trois autres bateaux et imagine déjà l’horrible jeu de quilles que cela pourrait donner. Autour de nous, tous nous crient des conseils farfelus dans un anglais masqué par le vent. Autant dire que dans l’urgence, on a autre chose à faire que de tenter de déchiffrer les aboiements de nos voisins. Finalement, Dominique me dit de larguer l’ancre avec des pare-battages au bout. Je commence à dérouler la chaine et c’est peut-être ça qui nous sauve. Enfin, nous parvenons à nous éloigner d’Hakuna Matata. Il nous faut maintenant remonter notre ancre et remouiller au loin. Voilà encore toute une histoire car les chaînes sont emmêlées au fond et cela nous rapproche à nouveau dangereusement des autres voiliers. Après plusieurs tentatives, on en vient enfin à bout. Je découvre alors que je n’ai pas remonté une ancre, mais deux. Celle d’Hakuna Matata est accrochée à la nôtre.  J’entendais bien le moteur de notre guindeau souffrir le martyr ! Je décroche les deux ancres grâce à l’aide d’un autre plaisancier venu à notre rescousse avec son annexe. Et, enfin, on peut sortir de ce cauchemar et s’ancrer à nouveau. Cette fois-ci, plus de blague, on empennelle et on largue toute notre chaine.

Côté dégâts, nous nous en sortons avec un chandelier plié. Hakuna Matata a quelques dégâts sur sa delphinière ; raies sur les tubes inox, barre inox et guindeau pliés, ainsi que des raies sur le côté.

Les jours suivants, nous faisons plus ample connaissance avec Hakuna Matata, un voilier suédois et ses deux propriétaires, un jeune couple. La discussion sur les réparations à effectuer n’est pas facile. Nous aimerions avoir du temps pour obtenir des devis et se baser là-dessus pour estimer ce qu’on leur doit. De leur côté, ils n’ont qu’une hâte, retrouver leur bateau exactement comme avant, oublier cette mésaventure et partir aux Marquises. Mais ici, aux Gambier, loin de tout chantier naval, rien ne peut se passer en vitesse. Les copains de mouillage nous donnent tous des conseils, relativisent notre responsabilité et les dégâts occasionnés. Nous prenons du recul vis-à-vis de nos erreurs. Une semaine après l’accident, l’affaire est réglée à l’amiable. Dominique est venu redresser leur guindeau, a remplacé le tube inox tordu et poliché les raies sur la delphinière. Pour les raies de côté, nous leur avons fait un versement et ils effectueront les réparations comme ils le souhaitent. Nous repartons tous satisfaits et sains et saufs, c’est le principal !

 

Pour moi, ce fût une vraie épreuve de digérer cet accident. D’accepter nos erreurs et notre négligence, d’accepter d’avoir exposer nos enfants à une telle situation. En discuter avec les copains du mouillage m’a réellement soulagée. Ils m’ont aidée à déculpabiliser, aidée à prendre un peu de recul avant de foncer tête baissée pour rembourser Hakuna Matata à prix d’or et tourner la page.  Dominique a beaucoup mieux géré que moi. D’un naturel plus relax, il a tout de suite su qu’il fallait prendre du temps pour régler un litige comme celui-là. Cela m’a pas mal agacée d’ailleurs et notre couple en a un peu souffert durant quelques jours. A l’heure de faire le bilan sur cette nouvelle aventure, je retiens qu’il est impératif  de mouiller avec deux ancres et toute la chaine lorsque la météo est instable, les airs tournants ou les mouillages bondés.

Enfin, je voudrais dire combien les enfants ont été exemplaires dans ce coup dur. Dès la première alerte, Yianis et Louis sont descendus dans le carré, ont pris une BD chacun et n’ont plus bougé jusqu’à ce qu’on soit à nouveau ancré le moteur éteint. Noé et Karim nous ont été d’une grande aide avec leur pare-battages protégeant les deux coques des bateaux sans y laisser un bout de pied ou de main. Bravo les gars !!

Juin- juillet 2020

L’hiver ?!

Rassurez-vous, nous sommes encore sous les Tropiques et, quand les Mangaréviens nous parlent de l’hiver, ce n’est pas flocons et gelée blanche. Au plus froid la température atteint les 15°C durant la nuit. La journée peut rester assez fraiche surtout lorsque le vent du Sud souffle. Pour nous qui vivons depuis bientôt deux ans au soleil, cela a suffi pour nous faire ressortir duvets, pantalons et pulls. Après Il nous a fallu fouiller les fonds d’armoire et dépoussiérer tous ces habits chauds mis de côté depuis les Canaries.

On s’est alors rendu compte de la poussée des enfants. Noé n’a plus qu’un pull et un pantalon qui lui vont. Pour les trois autres, les habits changent simplement de piles, passant du plus grand au plus petit. Dominique, qui a été le plus prévoyant en emportant presque toutes sa garde-robe, nous fait un vrai défilé de mode. Chaque jour, une nouvelle tenue ! Mon homme ne m’avait pas habituée à autant de classe !

 

Mais l’hiver, ce n’est pas que quelques jours plus frisquets. C’est surtout des dépressions du Sud qui s’enchainent. Chaque 7-10 jours, une nouvelle dépression nous envoie vents forts, pluie et froid. Nous nous réfugions dans les mouillages abrités du vent du N, N-E qui nous malmène durant 4 à 5 jours.

La dernière dépression a été particulièrement violente avec des rafales jusqu’à plus de soixante noeuds. Durant une bonne heure, le vent est resté entre cinquante et soixante nœuds. Le reste du temps, nous avons eu un vent oscillant entre 30 et 40 nœuds. Pour tous les voiliers ce fut une épreuve épuisante. Entendre les drisses claquer dans le mât et les haubans siffler. Sentir le bateau vibrer de toutes parts et se faire coucher sous les rafales comme en navigation au pré serré. Plier le taud en catastrophe au milieu de la nuit car il commence à se déchirer. Rester en veille sur le canal 16 en surveillant notre ancrage et nos voisins de mouillage, prêts à démarrer le moteur à la moindre alerte.  Les nuits sont longues et mauvaises. Tout ce qui n’est pas solidement attaché s’envole. Autour de nous, les annexes laissées dans l’eau sont retournées par le vent. La nôtre est remontée à l’arrière et bien fixée. Nous avons, par contre, perdu toutes nos shlaps, laissées négligemment dans le fond de l’annexe.

Les enfants, plutôt insouciants, s’amusent à l’avant, attendant les rafales qui les décoiffent. Noé a l’œil rivé sur l’anémomètre en quête d’un record de vitesse du vent.

Heureusement, entre deux périodes de mauvais temps, nous retrouvons le soleil et le chaud. Tous les voiliers se dispersent alors dans l’archipel pour profiter des quelques jours de répit.

 

 

 

 

 

 

 

Joyeux anniversaire Noé !

8 juin 2020

 

Nous sortons d’une semaine de mauvais temps, coincé dans le même mouillage sans pouvoir obtenir de fichiers météo car l’antenne Internet a été arrachée par les rafales de vent. Pas facile, facile de préparer une chouette journée d’anniversaire pour Noé. Heureusement, à bord, il y a toujours plein d’ambiance et tout le monde s’applique pour rendre cette journée sympa. Même le soleil semble être, enfin, décidé à revenir nous voir.

20 nœuds de vent, ciel dégagé. On quitte notre refuge de mauvais temps pour rejoindre Taravai à la demande de Noé. Une petite navigation occupe la matinée. Sitôt diner, les enfants filent à terre pour retrouver leur copain Ariki. Nous nous retrouvons une quinzaine pour le goûter. Noé a droit à un chant d’anniversaire en français, mangarévien et hollandais.

Notre aîné a été bien gâté par ses frères. Depuis quelques semaines, chacun s’applique pour lui préparer un cadeau plus ou moins en secret. Louis a confectionné un bonhomme en pâte à tresse, Yianis un éventail et Karim un livre de sudoku. C’est toujours un joli moment de les voir tout sourire offrir leur petit présent. Noé a aussi reçu un pistolet-harpon. Voilà des mois qu’il me chambrait pour avoir son fusil de chasse à lui tout seul ! A l’eau, maintenant !

 

Treize ans, déjà ! Noé est désormais presque aussi grand que moi avec la voix qui oscille en fonction de son humeur ! Comme tout vrai adolescent, il a opté pour une coiffure qui fait soupirer sa mère. Mais, difficile de le raisonner vu que son papa est tout autant ébouriffé que lui ! Il est de toutes les discussions, se couche tard, est bien souvent le dernier levé, mais qu’est-ce qu’on ferait sans lui ! Il seconde bien souvent notre Capitaine, cherchant avec lui comment améliorer les performances du bateau. Il est toujours présent pour donner un coup de main, que ce soit pour remonter l’ancre, ranger le bateau ou porter les courses. Il chasse sans se soucier des requins, sauf quand ceux-ci font sa taille et lui passent tout près !

C’est chouette de t’avoir avec nous, Noé. On t’aime si fort !

 

 

 

 

Gambier, mai 2020

Depuis quelques mois que nous sommes aux Gambier, notre manière de consommer a bien changé. Nous sommes loin de tout et beaucoup de produits sont désormais introuvables. Nous avons bientôt oublié le goût des tomates ou du concombre ou la facilité de trouver des rayons bien garnis avec tout ce que l’on désire.

D’autres produits sont devenus un vrai luxe que nous nous permettons avec beaucoup de parcimonie. Les carottes, les pommes-de-terre, les oignons, les choux, le fromage, les biscuits, le chocolat, le tabac ou la bière.

Enfin, il y a régulièrement pénurie de certains produits ; sucre, farine, essence et tabac le plus souvent. La venue du Taporo est alors attendue avec encore un peu plus d’impatience par tous.

 

Ici, le fruit de l’arbre à pain ou les plantains ont remplacé les patates. Je cuisine la papaye à toutes les sauces ; en tortilla, en carpaccio, râpée en salade, en tarte salée ou sucrée, en chutney ou confiture. Un sacré challenge pour une cuisinière qui n’aimait pas trop ce fruit en débarquant en Polynésie.

Nous faisons encore un peu plus tout nous-mêmes, à partir des produits de base. En plus de notre pain, de nos pâtes à tarte ou de nos gâteaux, nous confectionnons aussi nos biscuits, nos confitures, notre lait de coco et même … notre café ! 

Produire son café, c’est tout un travail et nous avions envie de vous le faire découvrir.

 

Le café pousse sur des arbres qui peuvent atteindre cinq-six mètres de haut au maximum. On le rencontre dans les sous-bois, en terrain pentu la plupart du temps.

 

Première étape : la cueillette.

Le café se présente sous forme de baies rouges lorsqu’elles sont bien mûres. Sur les caféiers sauvages, il est assez rare de trouver les baies en grappes. Le plus souvent, elles sont alignées une par une le long des branches. Armés de bâtons fourchus pour plier les branches trop hautes et d’un sac noué à la ceinture, nous passerons trois grandes matinées à la cueillette sur Aukena en compagnie de Bernard. Récolte : 60 kilos de baies. Pendant que nous nous attelons à la cueillette, les enfants construisent une cabane un peu plus loin.


 

Deuxième étape : enlever la première peau.

C’est à l’intérieur des baies rouges que se trouvent deux graines. Il nous faut donc décortiquer baie par baie notre récolte. Après quelques kilos, nous affinons un peu notre technique. Les baies sont écrasées sous un gros tonneau d’essence afin de fendre la peau rouge. Il ne nous reste plus qu’à  presser chaque baie pour en faire sortir les graines. Nous trempons ensuite rapidement les graines pour éliminer celles qui sont attaquées par les insectes et qui remontent à la surface. Trois journées de travail !

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Troisième étape : séchage.

Sur des vieilles chutes de voile, nous étendons nos graines sur le pont au soleil. Une étape qui pourrait être assez facile, mais qui ne l’est pas. En effet, l’hiver arrive par ici avec ses averses fréquentes et inattendues et ses coups de vent. Du coup, nous scrutons le ciel à tout moment, prêts à ramasser la récolte à la moindre goutte de pluie. Il nous faudra trois semaines pour venir à bout du séchage.

 

Quatrième étape : enlever la seconde peau

Parce que ce serait trop vraiment facile s’il n’y en avait qu’une ! Là encore, on reprend graine par graine notre récolte pour ôter la deuxième peau jaune et cassante. Pour fendre cette seconde peau, on passe d’abord nos graines au rouleau à pâte, puis on les roule entre pouce et index pour les éplucher. A l’aide d’un petit ventilateur, on élimine les peaux qui s’envolent. Je ne compte pas les heures de travail, mais disons qu’en une heure de travail, on obtient un bol de grains prêts à être torréfiés. Nous terminons avec les pouces et les index couverts de corne. On obtient alors un grain gris-vert, le grain de café, enfin !

 

Cinquième étape : torréfaction

Ça se passe sur un feu de bois bien chaud et dans une grosse casserole. Nous torréfions environ trois-quatre kilos à la fois et cela nous prend à chaque fois deux bonnes heures. Il faut remuer sans arrêt pour que les grains se dorent lentement sans noircir.

 

Après ces heures de  travail, notre café est, évidemment, le meilleur café que nous n’ayons jamais bu ! On en obtient une vingtaine de kilos. De quoi passer l’année, on espère !

 

 

15 avril 2020

Joyeux anniversaire, Karim !

 

Nous sommes à Taravai pour fêter le 11ème anniversaire de notre cher « Karilou ». Il est juste 9 heures qu’un appel retentit à la radio par nos copains mouillés un peu plus loin. Karim a droit à une première, un « joyeux anniversaire » chanté à la VHF, avec grésillements en prime! Voilà qui met tout le monde de bonne humeur !

 Le programme de la journée est déjà défini depuis la veille. Le matin, malgré un temps un peu gris, les airs sont au rendez-vous pour faire de la voile avec Papa sur la petite annexe de notre voisin de mouillage. L’après-midi, tout l’équipage se rend à terre où nous rejoignons Ariki qui habite là. C’est parti pour quelques jeux scouts dont j’ai encore le secret. Après s’être tous bien dépensés, on retrouve les parents d’Ariki pour un goûter avec une tarte aux citrons meringuée, des crêpes et quelques goyaves ramassées de ci de là. Puis c’est volley-ball. Ici, à Taravai, c’est une institution et Karim a vite croché, faisant preuve de beaucoup de persévérance. Du coup, pour faire plaisir à mon fils,  je suis bien obligée de m’y mettre aussi. Mais qu’ils sont loin mes cours de gymnastique !

De retour à bord du bateau, on termine la journée avec un film et un bon repas.

Alors, c’était comment cet anniversaire, Karim ? « Splendide ! »

 

Mise à part la longueur de ses cheveux, Karim n’a pas beaucoup changé depuis notre départ. Toujours aussi inventif, toujours aussi rêveur ! Il occupe ses temps libres en dessinant des maquettes de voilier, en épluchant les livres d’aventures de Jules Vernes ou d’Eric Tabarly quand il est bien motivé. Pour Karim, pas d’hésitation. Dès qu’il sera grand, il aura un voilier avec une coque rouge comme Joshua.

Pour le faire aller à terre, c’est toujours toute une histoire. Tel un vrai loup de mer, Karim n’est à l’aise que sur son bateau (ou presque) ! Quelques jours avant son anniversaire, il m’a dit que c’était bien dommage que nous ne soyons pas en traversée pour son anniversaire. Il rêvait d’une belle navigation pour ses 11 ans.

 

Du coup, pour le faire bosser son français, c’est la soupe à la grimace ! Pour découvrir un nouvel endroit, c’est une vraie lutte à moins que ce soit une île déserte où l’on peut construire une cabane et jouer à Robinson Crusoé. Pour la moindre corvée, il y a toujours bien mieux à faire et il traîne tant et tant que ses frères sont passés avant lui. Enfin, vous l’aurez compris, grâce à Karim, c’est toujours plein d’ambiance à bord ! Nous aussi, des fois, on rêve du jour où il aura son bateau à lui !

 

Allez, Karim ! Courage ! La vie n’est pas toujours juste, mais elle est drôlement belle !

On t’aime tous très fort !

 

  

 

 

 

Janvier 2020

La traversée du Pacifique (dites « transpac » si vous voulez avoir l’air d’un navigateur à peu près sérieux !) c’est 6900km jusqu’en Polynésie française. Pour nous, cela représente un bon mois de navigation loin de tout si tout va bien !

Pour ajouter une petite touche sympa à cette longue navigation, ajoutons une zone intertropicale à traverser (c’est ce qu’on appelle le pot-au-noir dans l’Atlantique. En gros, une zone où l’on peut s’attendre à tout entre orages et calmes plats) et des alizés un peu plus variables que ceux de l’Atlantique. Autant dire que ça ne se prépare pas tout à fait à la légère. Explications !

 

D’abord, préparer le bateau. Le plaisancier a la chance de vivre dans un milieu hostile qui prend un malin plaisir à faire de son quotidien un enchainement de réparations en tout genre. Nous nous attelons donc avec une joie non dissimulée à toutes sortes de petits travaux à entreprendre sous le soleil tropical. Changement des haubans, réparation de l’anémomètre en tête de mât, couture sur la bande anti-UV du génois, changement du support de winch au pied de mât, vidange et révision du moteur. Bon, je dis « nous », mais c’est surtout Dom qui s’y colle !

On opte aussi pour un téléphone satellitaire afin de recevoir les fichiers météo.

 

Une fois le bateau paré, ils nous restent à penser à un détail non négligeable lorsque l’on a quatre enfants à bord dont un adolescent qui tente de relever à chaque repas l’exploit de manger plus que son papa, le ravitaillement ! On embarque environ 400 kilos de nourriture. Toutes les cales sont bourrées de réserve, on a installé deux hamacs pleins de fruits et légumes et nos toilettes avant sont parfumées par 25 kilos d’oignons. Côté eau, on part avec 700 litres. Boissons, cuisine et un brin de toilettes de temps à autre ! Le reste se fera à l’eau salée.

 

Mais, la Polynésie française c’est à peu près grand comme l’Europe ! Alors, on va où, au fait ? Eh  bien ! On a décidé de viser les Gambier pour commencer. Vous ne connaissez pas ? Etonnant ! Alors je vous explique, vous prenez une carte du Pacifique et vous zoomez au max sur les coordonnées 23°9S et 134°56W. Là, vous voyez ce petit tas d’îles. C’est là !!

Une dizaine d’îles disséminées autour d’un lagon.

On a choisi cette destination pour plusieurs raisons. D’abord, cela nous permettra d’avoir des vents qui arrivent plus de travers et d’éviter le plein vent arrière et son mouvement de métronome. Ensuite, on ne peut que difficilement y venir depuis le reste de la Polynésie française car cela nous ferait remonter face au vent. Enfin, vous l’aurez peut-être compris, on aime bien sortir des sentiers battus !

 

A l’approche de cette longue navigation, l’équipage partage ses états d’âme :

 

Louis :

Je suis content de partir car j’aime bien les navigations. Quand je m’ennuie, je fais des petits trucs comme des jeux, dessiner ou jouer au lego et rien d'autre. La Polynésie, c’est très joli, mais on a jamais allé.

 

Yianis :

J’ai pas trop envie de partir pour la traversée car j’aime pas quand ça bouge. Je préférerai avoir un bateau volant qui va jusqu’en Polynésie très vite. J’espère que le bateau ira vite et que je pourrai faire un quart pour jouer sur la tablette.

 

Karim :

Je suis pas trop stressé car on a déjà fait 14 jours sans voir la terre sans problème. Un mois, ça va pas trop changer !

On s’est bien préparé question eau et nourriture. Et si on chavire, on a la VHF, la balise de secours, le téléphone satellitaire et le canot de sauvetage.

La seule chose qui me dérange, c’est que, dans ma couchette, comme on doit fermer le hublot, il fait chaud.

 

Noé :

Je me réjouis de partir car Papa a acheté plein de matériel de pêche et on pourra attraper des gros poissons. Je suis aussi content de quitter enfin le Panama pour la Polynésie.

 

Dominique :

Je me réjouis à fond de cette traversée, je ne demande que ça. Je suis fatigué de l’Amérique latine. J’ai vu la côte, les bimbos, le bling bling. Depuis qu’on a traversé le canal surtout. La plongée me manque, Panama City n’a rien d’extraordinaire et Las Perlas après les San Blas, bof !

Je me réjouis de partir pour la navigation et ce qui nous attend après. J’ai bien aimé l’Atlantique. Là, j’espère que ce sera encore plus incroyable ! Un mois sans voir la terre, être en autonomie totale, loin de tout le monde. C’est comme de gravir une montagne. Tu es content quand tu redescends, mais quand tu es au sommet, tu n’as pas envie de redescendre non plus.

Pour la préparation, ça me rappelle le départ de Port-Camargue. On est jamais prêts, il y a toujours un petit truc sur le bateau à faire. Mais le principal y est. On a rien oublié !

 

Véronique :

Je me sens sereine. Je sais à quoi m’attendre et ne me fais pas d’illusion. Je sais combien cuisiner en mer m’est pénible ou dormir d’un sommeil réparateur. Mais j’ai confiance en nous tous. On s’est bien préparé.

J’ai hâte que la folie de ces derniers jours de préparation s’arrête et qu’on puisse juste vivre relax.

Et puis, je suis si contente de relever ce défi, un mois en mer que nous six. De se dire qu’à nous tous, on est capable de telles aventures et qu’on ose se lancer.

 

 

Voilà, les copains ! Voilà, la famille ! Une bonne fenêtre météo se profile à l’horizon pour cette fin de semaine. C'est parti pour la transpacifique! Prochaines nouvelles depuis l’autre côté de la terre !

 

 

Du 1 au 8 octobre 2019

 

Avant de se lancer dans le Pacifique, notre Capitaine a décidé qu’il était temps de caréner Wave Dancer. Après 1 an et demi, notre antifouling commençait à laisser apparaître par endroit la couche de primer qu’il y a dessous. Dans ces eaux chaudes, le développement d’algues et de coquillages s’accélérait de plus en plus obligeant Dominique à gratter la coque sous l’eau  tous les mois. Il était temps ! Alors, au boulot !

 

C’est à la marina Panamarina que nous décidons de sortir notre bateau. Il s’agit de la première marina construite au Panama, par des français. Les prix sont attractifs, l’équipe est réputée pour être professionnelle et le restaurant sert une cuisine méditerranéenne délicieuse. Nickel !

 

Le mardi 1 octobre à 14h, nous laissons notre Capitaine seul à bord. Tout l’équipage doit quitter le navire et laisser la place à trois employés de la marina qui vont aider Dom à amener le bateau sur une remorque de mise à l’eau. Après quelques essais et marche arrière pour centrer Wave Dancer et équilibrer correctement le poids, notre voilier est hissé hors de l’eau à l’aide d’un manitou. (Pour plus d’explications concernant le manitou, je vous renvoie à mon neveu Emile qui vous expliquera tout ça bien mieux que moi !) Tous les six, nous suivons avec attention et une petite boule au ventre les manœuvres de sortie de l’eau de notre cher domicile !

Après un bon coup de karcher, notre bateau est emmené sur la zone de carénage et solidement calé. C’est alors à nous de jouer ! Ces maudits coquillages ont laissé une petite pellicule blanche un peu partout sur notre voilier. Durant un jour et demi, nous grattons et ponçons la coque. Nous sommes noirs de la tête au pied, pareils à des mineurs. Les enfants sont venus nous donner un coup de main la première demi-heure, mais le boulot les a vite lassé. Il faut dire que nous venons de retrouver nos amis de Caretta, après six mois. Les enfants sont heureux de jouer avec Timothée. Qu’ils profitent !

Une fois la coque bien propre, c’est au tour de la peinture. Une couche de primer là où l’antifouling est vraiment usé, puis deux couches d’antifouling. A nouveau, cela représente deux jours de boulot pour Dom et moi !

Enfin, on profite de la mise à terre pour effectuer d’autres menus travaux. Vu le poids de notre chargement, une partie de la coque non protégée par l’antifouling était toujours dans l’eau et se couvrait d’algues. Cela donnait un côté peu esthétique au bateau. On a donc décidé de remonter notre ligne de flottaison de 10 cm. On a refait une beauté à notre ancre qui rouillait de plus en plus et profiter de marquer notre chaine tous les cinq mètres au spray afin de mieux gérer notre longueur de chaine lors des ancrages. On a consolidé notre arrière pour pouvoir à nouveau utiliser notre échelle de bain. La coque se craquelait tout autour des deux points de fixation. Et, on a réparé notre réservoir avant qui fuyait depuis peu.

 

Chantier dehors, chantier dedans ! On a passé une semaine dans la crasse et le bazar. Au boulot dès 6h30 pour profiter du peu de frais de la journée, on les a tous impressionné avec notre travail rigoureux. Il nous reste encore quelques bonnes habitudes bien suisses ! Les enfants se sont montrés vraiment indépendants et faciles. Pour eux, c’était sympa de retrouver la terre juste à la sortie de chez soi. Foot, basket, construction de barrages, potions, bataille d’eau et quelques sottises !

Le dernier soir, pour se récompenser de tous ces efforts, on s’est offert un bon resto tous les six. Ceviche, bœuf saignant et fondant au choc ! Miam !

  

21 septembre 2019

 

Pour son septième anniversaire, Yianis est bien chanceux ! Nous sommes aux San Blas près de Panama. Des îles couvertes de cocotiers et entourées d’eau turquoise et poissonneuse. Un petit paradis !

Pour fêter notre grand bonhomme, direction la plage. Au programme, grillades de poissons et de langoustes chassées par Papa, cake à la noix de coco, snorkeling et baignade.

Yianis est tout heureux, mais ses copains lui manquent un peu ! De nous tous, c’est celui qui regrette le plus son quotidien en Suisse. L’école avec les copains et surtout le ski ! Il n’est pas fan des navigations et redoute un peu la traversée du Pacifique qui se rapproche.

 

En une année, il a appris à nager, à porter masque-palmes et tuba, à plonger. Il est devenu un petit matelot, sachant distinguer les allures, faire le nœud du cabestan ou grimper dans les haubans tel un vrai gabier. Il connait désormais le nom de tous les poissons tropicaux et étudie soigneusement le livre après chaque plongée.

Ah ! Si seulement il pouvait, lui aussi, chasser au harpon, conduire l’annexe ou lire des livres tout seul !

Patience, mon Yianis, tu grandiras vite !

 

 

Août 2019

 

Oulà ! Déjà une année que nous sommes en vadrouille ! Et alors, comment ça va sur ce bateau ?

Paroles à l'équipage:

  

 

Louis :

Je suis content de ma maison sur l’eau car il y a des lego, des bâtons et des tournevis.

Pour m’occuper, je joue avec mes bâtons pour pêcher des poissons, je promène mes peluches avec une corde, je fais des bracelets. J’aime écouter des histoires sur la Lunii et faire le déjeuner. Je n’aime pas les vagues.

J’aimerais bien aller à la maison pour jouer avec les tracteurs.

 

Yianis :

Pendant cette année, j’ai appris à nager avec un tuba. C’est chouette de voir des poissons sous l’eau. Petit Curaçao est l’endroit que j’ai préféré parce que c’est là qu’il y avait les plus jolis poissons.

J’aime bien aussi pouvoir lire des livres sur la tablette.

Je n’aime pas vivre sur le bateau car ça bouge des fois et mes pokémons me manquent.

 

Karim :

C’est bien de vivre ce voyage mais je m’imaginais un peu autre chose. Je pensais que les navigations bougeraient moins et qu’on allait voir des plus jolis endroits avec de l’eau turquoise.

J’ai découvert beaucoup de noms de poissons, de nouveaux animaux. J’ai été sur des îles où ce n’étaient pas les animaux les plus dangereux, mais les arbres. Le mancenillier, par exemple, où il ne faut surtout pas toucher les fruits et les feuilles.

Ce que j’ai préféré, ce sont les endroits avec un joli snorkeling et quand on peut marcher dans des jolis endroits en forêt comme on a fait à La Palma.

Mes copains me manquent un peu. Le Petit Bois de Vincy et le grand jardin aussi. Et surtout la neige !

J’ai bien envie de continuer ce voyage car on va aller dans des îles françaises et retrouver des amis. On a aussi beaucoup de beaux endroits à découvrir encore comme la Polynésie française où il y a des requins. Quand je serai grand, j’aimerais bien avoir un bateau plus rapide pour faire des courses.

 

Noé :

Au début, je n’étais pas très content car je devais quitter mes copains et mes affaires. Maintenant, ça va mieux. Mes copains me manquent moins car on a rencontré pleins de copains en bateau. On a aussi vu des requins qu’on aurait jamais vus en restant en Suisse.

J’aime pouvoir me baigner tous les jours. J’ai appris à chasser avec le pistolet-harpon. J’ai beaucoup aimé Petit Curaçao car l’eau était très jolie et il y avait pleins de poissons de toutes sortes : des balistes océaniques, des carangues pour la pêche, des perroquets et des tortues.

Le plus ennuyant du voyage, c’est les navigations lorsque ça bouge beaucoup.

 

Véronique :

Une année sur l’eau !

Il m’a fallu bien 6 mois pour m’habituer à cette nouvelle vie. Les plus grandes difficultés ont été d’accepter mon homme dans son rôle de Capitaine et à le seconder aux manœuvres efficacement. Le manque d’indépendance me faisait souffrir aussi. Dorénavant, chacun maîtrise son affaire et je suis libre d’aller à terre comme je veux avec l’annexe. Cela m’a beaucoup aidée à me sentir bien !

Bien que, pour beaucoup, nous ayons une vie de rêve, à bord, ce n’est pas toujours l’épanouissement total. Pour Dom et moi, ce projet est un rêve qui se réalise. Pour rien au monde, nous souhaitons l’écourter. Cette vie, cette expérience nous plait, nous fait grandir. Du côté des enfants, le bilan est plus mitigé. Il y a des jours top et d’autres horribles. Ils savent ce qu’ils ont quitté et ça leur manque. J’aimerais pouvoir dire que nous sommes tous preneurs du projet, que les décisions se prennent tous ensemble. Ce n’est pas le cas. Nous leur imposons nos rêves, nos idées, sans leur demander leur avis. Le faut-il vraiment d’ailleurs ?

Je pense profondément que c’est une grande richesse ce qu’ils vivent. Une grande ouverture d’esprit, une capacité à s’adapter à la nouveauté. Tout cela leur est et leur sera précieux. Lorsqu’ils se plaignent, je les entends, mais tous à bord, nous savons que cette aventure ne s’arrêtera pas au moindre coup de blues.

Tout comme dans n’importe quelle famille, nous avons des moments d’amour et d’autres de coups de gueule. Ni plus, ni moins. Nous entendons Noé nous dire que ce bateau est moche, qu’il aimerait qu’il coule. Et quelques temps plus tard, le voilà sourire jusqu’aux oreilles en ramenant son premier poisson tiré au harpon. Je vois Karim se réfugier dans sa couchette pour échapper à une énième remontrance sur son attitude. Puis, je l’entends nous dire qu’il est heureux de cette vie pleine d’aventure. Yianis se montre tout nostalgique devant les photos de la maison, puis enchaine les plongeons avant, arrière et de côté du haut de ses presque 7 ans.

Nous pourrions parfois tous les mettre en pension. Il y a des jours où chacun est hargneux. Des jours durs. Car c’est dur de vivre ensemble, ce n’est pas que du bonheur !

Mais ce que nous avons de plus par rapport à notre vie d’avant, c’est la liberté. La liberté de ne pas faire école ce jour-là car il y a tant à découvrir, la liberté de faire la sieste car on a un petit coup de mou, la liberté de jouer tous les jours trois-quatre heures tous ensemble, la liberté de changer de programme à la dernière minute, la liberté de ne plus avoir de lundi ou de dimanche. Nous sommes libres. Nos contraintes, nous nous les imposons nous-mêmes et ça, c’est vraiment précieux !

 

Dominique :

Je n’ai aucun regret à être parti. Au contraire, j’encourage chacun à oser être différent. Ce voyage me remet au centre de ce qui est important : les relations avec les autres, s’écouter soi-même, faire les choses que j’aime avec les contraintes que j’ai choisies.

Je me rends compte qu’il ne faut pas grand-chose pour vivre bien, vivre libre. Le voyage en voilier n’est qu’une option parmi tant d’autres pour vivre simplement et plus détaché de la consommation à outrance.

Contrairement à mes premiers voyages plus jeune, ce n’est pas une révélation. Je connaissais la navigation et j’avais déjà bourlingué. Je m’attendais aux difficultés que nous avons rencontrées. Se lever en pleine nuit pour refaire le mouillage ne me semble pas pénible.

Il y a cependant une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est de voir du plastique partout. Du plastique qui vole, du plastique dans l’eau. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Je ne comprends pas comment on peut continuer sans s’en soucier. Il n’y a pourtant pas besoin d’être riches ou dans un pays développé pour avoir une conscience écologique. Au Cap Vert, l’un des pays les plus pauvres d’Afrique, tout était propre.

Enfin, je suis vraiment satisfait du bateau. Nous sommes tombés sur un magnifique voilier pour le projet que l’on a.

 

Alors que l’heure des grandes vacances à sonner pour les écoliers romands, sur Wave Dancer, l’année scolaire s’est aussi terminée. L’occasion de faire un petit bilan et de vous expliquer comment ça s’organise.

 

A bord, nous faisons l’école tous les jours. Pas de samedis, ni de dimanches, pas de vacances de Noël ou de Pâques. Bien sûr, nous nous laissons la liberté de sauter un jour par ci par là lorsqu’il y a tant à découvrir, à l’occasion d’un anniversaire ou quand la maitresse souffre du mal de mer ! Les vacances se font lors des traversées de plusieurs jours alors que bateau et équipage sont malmenés par les flots ou lors de la visite de nos proches.

 

En général on travaille plutôt le matin. En deux heures, grand maximum, le travail de la journée est bouclé. Pas de réveil matin, on commence lorsque tout le monde est prêt. Parfois, c’est 8 heures, d’autres fois 10 heures.

Noé, Karim et Yianis font leur école les trois en même temps. Chaque lundi, chacun reçoit son plan de semaine avec les activités à réaliser. Ils s’organisent ensuite comme il le souhaite. Chacun a sa stratégie :

Noé répartit ses matières assez équitablement au long de la semaine : un peu de maths ou de langues chaque jour.

Karim garde le pire pour la fin. Les samedis et dimanches sont souvent assez rock-and-roll !

Yianis expédie son plan de semaine à toute vitesse et a souvent deux jours de libre devant lui.

 

Cette organisation leur donne beaucoup d’autonomie et me permet de m’occuper de l’un ou de l’autre à tour de rôle. Lorsque je travaille l’anglais avec Noé, ses deux frères choisissent une activité qu’ils peuvent faire tous seuls.

Ça marche assez bien et cela me permet d’éviter de me couper en trois. Durant, cette année, Karim a appris à réviser son voc d’allemand tout seul. Noé, quant à lui, a découvert toute sa théorie de maths à l’aide de son aide-mémoire.

 

Au programme, nous faisons du français et des maths avec en plus de l’allemand pour les deux grands et de l’anglais pour Noé. Nous travaillons à l’aide des livres scolaires suisses et de quelques fiches piochées à gauche à droite. Pas d’évaluation à bord, nous avançons au rythme des enfants. Lorsqu’une notion est acquise, nous passons à la suite.

Pour vérifier le travail de l’année, j’ai fait passer à Noé et à Karim des ECR (épreuves cantonales de référence) en fin d’année comme tous les petits vaudois. Tous deux passent haut la main leur année scolaire. Noé obtient les points pour se rendre en VP (voie prégymnasiale). C’est peu dire si nous sommes fiers de nous !

La seconde année scolaire sur le bateau s’organisera de la même manière. D’un commun accord avec les enfants, nous avons décidé d’abandonner l’allemand au profit de l’espagnol qui fait bien plus sens lors de ce voyage.

 

Au cours de cette année de voyage, j’ai croisé d’autres enseignants en vadrouille en famille. Nous étions bien d’accord pour dire que nos enfants ne sont pas les élèves les plus faciles que nous ayons eus. J’aime beaucoup enseigner, mais tous les jours d’école n’ont pas été évidents. Pour eux comme pour moi d’ailleurs. J’ai découvert leur art de négocier toute tâche un tant soit peu compliquée et avec quelle étonnante rapidité ils sont capables de terminer un exercice lorsque nous sommes entourés d’eau turquoise. Ils ont appris à faire avec une maitresse qui n’est pas sans failles, qui a un peu-beaucoup oublié ses notions d’allemand et qui se trompe parfois en corrigeant leurs exercices.

Je leur ai demandé comment c’était cette année d’école sur le bateau. Yianis, qui trouve toujours du positif dans chaque situation, m’a dit que c’était très bien. Il faut dire que son programme de 2P était vraiment sympa. Noé était content lui aussi car il en faisait bien moins qu’à la maison (paresseux, va !). Quant à Karim, l’école ne lui plait définitivement pas. Mes efforts ne l’ont pas fait changer d’avis !

 

Maintenant, place à deux mois de vacances. Mais pas question de se tourner les pouces toute la journée pour nos trois matelots. Nous en profiterons pour faire un peu de sciences, d’histoire ou de théâtre. Les idées ne manquent pas…

 

 

Ce samedi 8 juin 2019, Noé a douze ans !

 

A l’ancre, près de la ville de Santa Marta en Colombie, avec comme toile de fond des porte-containers d’un côté et des immeubles de l’autre, nous sommes tous consignés à bord. Seul Dominique peut se rendre à terre pour faire notre entrée en Colombie. Nous avons aussi le droit à la visite des officiels à bord. Comme journée d’anniversaire, on pourrait rêver mieux !

Nous tâchons, du coup, de créer une chouette ambiance pleine de joie et d’amour à bord. Et il faut dire que pour donner le sourire à notre ainé, il en faut peu. Un bon repas avec de la purée de pommes-de-terre maison, une belle tarte au citron meringuée et surtout … des cadeaux : lego, BD, truffes au chocolat et un jeu de plateau Harry Potter pour ce grand fan du sorcier de J.K.Rowling.

 

Joyeux anniversaire, mon grand !

 

Peu motivé au départ par ce grand voyage, Noé a beaucoup changé en quelques mois. Curieux de nature, cette expérience lui fait découvrir tant de nouveautés qu’il a vite oublié ses appréhensions. Il a hâte d’atteindre la Polynésie, connait désormais tous les noms des poissons coralliens, s’adonne au snorkeling et à la chasse au harpon presque aussi bien que son papa.

A bord, il est d’une aide inestimable. Navigation, rangements, surveillance des petits, on peut toujours compter sur lui !

 

Mille Merci Noé ! Vivre cette aventure avec toi est un cadeau précieux !

On t’aime très fort !

 

 

 

C’est à L’Ecoresort de Cano Hondo, au milieu de la mangrove que nous passons l’anniversaire de Karim. Nous sommes ici au cœur du parc des Haïtises, une réserve naturelle où vivaient les derniers Indiens Taïnos au XVIème siècle. Nous avons découvert un bel établissement ouvert à tous avec piscines d’eau douce et voies de grimpe. Que demander de plus pour cette journée exceptionnelle.

Aujourd’hui, 15 avril 2019, Karim a 10 ans !

Bel anniversaire, mon grand !

C’est un petit déménagement de sacs et d’enfants qui quitte Wave Dancer vers 9heures du matin. Affaires d’escalade, maillots de bain, gâteau et cadeaux sont embarqués dans notre annexe. Après une demi-heure au milieu de la mangrove à remonter une rivière, nous arrivons à destination : un hôtel tout en pierre et en bois qui est construit à flancs de colline au milieu de la forêt.

 

A peine arrivés, nous sortons le matériel d’escalade et profitons de la fraicheur toute relative du matin pour grimper. Karim et Dominique sont les plus assidus. Ils enchainent quelques voies bien difficiles. Le reste de la troupe a déjà rejoint les bassins d’eau douce.

Nous nous retrouvons tous à midi pour partager un bon repas au restaurant de l’hôtel. En guise de dessert, un bon gâteau d’anniversaire au chocolat et smarties. Une recette inventée par Karim. Puis, c’est le grand déballage des cadeaux. L’affaire a été anticipée en Martinique déjà avec l’achat de bandes dessinées en français. Karim a même la chance de recevoir un paquet de ses grands-parents qui ont profité de mon oncle Pierre comme facteur.

Le reste de la journée se déroule à se baigner dans les multiples bassins d’eau douce. Retour sur Wave Dancer au coucher du soleil. La journée se termine par une chasse aux trésors dans le bateau et un bon film. Nous nous couchons tous le sourire aux lèvres et la tête remplie de beaux souvenirs.

 

Nous avons été heureux de voir Karim plein de joie de vivre aujourd’hui. Sur le bateau, au quotidien, ce n’est pas toujours si évident. Deuxième dans la fratrie, la lutte pour faire sa place est parfois rude entre un ainé qui a sa position toute dorée et un petit frère qui lui pique ses affaires.

Karim, c’est notre inventeur-rêveur extraordinaire. Il aime s’imaginer dans un monde de fiction, passe des heures à construire des lego, dévore des bandes dessinées. Mes exercices scolaires sont bien loin de ses préoccupations.

Aventurier dans l’âme et assez solitaire, il se voit navigateur ou explorateur au grand nord. Pour lui, ce n’est pas facile de vivre dans un petit espace au milieu de nous tous. Son besoin d’indépendance est trop souvent freiné. Néanmoins, pour rien au monde, il ne laisserait de côté cette belle aventure que nous sommes en train de vivre au profit d’un quotidien bien lissé tel que celui que nous avons quitté il y a quelques mois.

Sans toi, Karilou, la vie serait un peu fade à bord de Wave Dancer !

On t’aime très fort !

 

 

 

Aujourd’hui, 21 janvier, notre petit Louis a trois ans !

Joyeux anniversaire Loulou !!

Nous sommes en Martinique, ancré à l’Anse Mitan ce jour-là. Au programme pour fêter notre petit dernier, plage et baignades. Louis adore jouer au sable et voilà quelques jours que nous n’avions pas vu une jolie plage. (Eh ! Oui ! ça arrive de temps en temps !)

Equipé de son tout nouveau sceau et d’une jolie pelle, Louis, le sourire aux lèvres n’est pas au bout de ses surprises. A peine installé sur la plage que ses grands-parents nous rejoignent. Quelles belles retrouvailles pour tous et quel beau cadeau pour Louis. Lorsque je lui demandais quel cadeau il souhaitait pour son anniversaire, il me répondait de sa petite voix : «  Les grands-parents ! » Heureuse coïncidence ! Mes parents qui avaient prévus de nous rejoindre après Noël pour passer quelques jours avec nous arrivent juste aujourd’hui. La plage résonne de cris de joie et d’embrassades !

En fin de journée, nous nous retrouvons tous sur Wave Dancer pour partager un bon repas d’anniversaire et déballer les cadeaux. Louis a choisi son menu : purée de pommes-de-terre, saucisses et salade verte, avec une tarte au citron pour le dessert. C’est drôle, je crois que je fais le même menu à chaque anniversaire de mes enfants ! La soirée est fort joyeuse et notre petit Louis fait le plein de livres pour quelques semaines.

 

Après six mois sur le bateau, Louis est devenu bien adroit. Au mouillage, il arpente le pont du bateau sans se soucier des mouvements de celui-ci. Je l’ai déjà retrouvé plusieurs fois assis sur la bôme. Dans peu de temps, il se hissera dans les haubans comme ses grands frères. Petit bricoleur, un rien l’amuse et l’intéresse. Il peut passer des heures à jouer avec un bout de corde en l’attachant d’un bout à l’autre du bateau. Attention où l’on met les pieds ! Nous lui avons fabriqué une petite canne à pêche avec un bout de bois et un peu de ficelle. Son papa lui a même mis un hameçon au bout. Un soir, alors qu’il l’avait laissée pendue dans l’eau, un poisson a mordu. Première prise pour notre bout de chou. Mais ce qu’il adore par-dessus tout, c’est jouer dans l’annexe. On lui met un gilet de sauvetage et le voilà qui péclote le moteur dans tous les sens. Cela lui fait son petit bateau rien qu’à lui !

Parfois on me demande ce que fait Louis pendant que ses frères font leur école. Eh ! Bien ! C’est simple ! Louis, je ne l’aperçois quasi pas. C’est vraiment très rare qu’il faille lui trouver une occupation pour permettre aux grands de travailler dans de bonnes conditions. C’est un petit indépendant qui vit sa vie pleine de liberté ! Face à ses grands frères qui se plaignent assez régulièrement du manque de copains, de l’éloignement de la famille ou de la petitesse du bateau, Louis est un vrai rayon de soleil. Il s’est super bien adapté à notre vie sur l’eau. La maison est déjà un souvenir assez flou. L’annexe a remplacé la voiture. La VHF a détrôné le téléphone. Il fait la différence entre un catamaran ou un monocoque… Une vraie graine de marin !

 

Nous t’aimons tous très fort petit Louis !!

 

  

 

 

Pour tout l’équipage, passer Noël sous les Tropiques est une première. Entre soleil et baignades, nous avons de la peine à nous sentir proche de cette fête d’habitude hivernale. Les enfants s’étonnent même un jour d’apprendre que le Père Noël passera aussi sur le bateau.

Pour marquer l’évènement, nous mettons en place sur le bateau quelques petites traditions. D’abord le classique sapin de Noël en version papier-crayons. L’une des portes de notre voilier se retrouve recouverte d’un grand sapin en peinture. Karim nous propose de le décorer chacun son tour. L’idée est adoptée et ainsi chaque jour du mois de décembre l’un d’entre nous crée une petite décoration pour notre bel arbre de Noël. A l’approche de Noël, cela forme un joyeux patchwork d’idées et de couleurs.

Les enfants et Dominique ont droit à un calendrier de Noël rempli de sucreries et de chocolats. Je l’ai installé en toute discrétion pendant l’un de mes quarts en Atlantique. Au matin, c’est une chouette surprise pour tout le monde ! Elle est la bienvenue pour redonner le moral à tout l’équipage qui trouve le temps un peu long au milieu de l’océan.

Pour les cadeaux, j’ai proposé à ma petite famille que chacun confectionne un cadeau pour l’un des membres de la tribu. Un tirage au sort est organisé à la mi-novembre pour donner à tous le temps de préparer un chouette cadeau et de réunir le matériel nécessaire. Le jour de Noël, c’est six visages réjouis qui se réunissent autour de la table du carré avec un paquet tout emballé. Nous découvrons tous que recevoir est autant un plaisir qu’offrir, surtout lorsque c’est fait main !

Louis a fabriqué pour son papa un porte-clé en bois. Nous avons occupé une partie de la traversée de l’Atlantique à tailler, poncer et percer afin de confectionner un petit dauphin. Malgré que tout ait été fait pendant les siestes du Capitaine, le petit Louis a eu de la peine à tenir sa langue et la surprise est un peu dévoilée.

Yianis a tiré au sort Karim qui s’intéresse beaucoup à l’astronomie. Il lui a offert une carte des étoiles de l’hémisphère sud, un cahier pour noter ses observations et des filtres rouges pour mettre sur sa frontale. Autant dire que notre Karim se réjouit déjà des prochaines traversées pour utiliser son nouveau matériel.

Karim m’a offert un bon pour un massage dans une jolie carte toute décorée de cœurs rouges. Je le garde précieusement pour un jour de mal de dos ou de ras-le-bol. Les massages sont une petite spécialité de Karim. A tout moment, il en propose … ou en demande.

Noé a fabriqué une peluche Pikachu pour son frère Louis. Il a passé beaucoup de temps à découper les tissus, puis coudre le tout en ajoutant les oreilles, la queue, les yeux, … Le résultat est vraiment chouette!

J’ai créé pour Noé un awalé, un jeu africain. Carton d’œufs, papier mâché, peintures et quelques graines de haricots. Vive la récup !

Enfin, Dominique a offert à Yianis des jolis bracelets. Lui qui les collectionne depuis le départ, il en a maintenant au bras et à la cheville. Cela lui va très bien !

 

Le matin de Noël, les enfants ont découvert les cadeaux laissés par le Père Noël. Biscuits, chocolat, amandes, beurre de cacahuète, … Des petites douceurs que l’on mange un peu moins souvent sur le bateau. Les enfants, habitués à recevoir un lego ou un chouette livre, étaient un peu déçus. Ils m’ont affirmé que le Père Noël était bien plus sympa en Suisse. Désolée les loulous, ce n’était pas facile de trouver de quoi vous gâter entre les petites îles de Grenade et de St-Vincent. Le Père Noël a fait au mieux, l’année prochaine il s’y prendra bien plus en avance pour les cadeaux !!

 

Noël, c’est aussi le partage d’un beau moment en famille. Nous avons eu la chance de rencontrer une gentille famille française avec qui nous avons pu partager le soir de Noël autour d’un bon repas. Bien entourés, l’éloignement de nos proches nous a manqué un peu moins.

 

  

 

 

 

Aujourd’hui, c’est jour de fête sur le Wave Dancer:

Premier anniversaire à bord, Yianis a 6 ans ce 21 septembre

Voilà quelques jours déjà que Karim et Noé lui préparent une surprise.  Vous connaissez le train fantôme. Eh bien ! Yianis a droit à une « chambre fantôme » avec fakir et bruitages effrayants, serpents et panda fantôme en embuscade. Toutes les peluches ont été mises à contribution. Une idée de notre Karim !

De mon côté, je m’attelle à la préparation du gâteau. Le menu du jour a été décidé depuis longtemps avec mon petit gourmand : purée de pommes-de-terre, émincé de poulet, salade de carottes et tarte au citron. Avec pleins de bonbons !!

Une chasse aux cadeaux est ensuite organisée dans le bateau. Quel bonheur de voir son petit visage plein de joie à chaque découverte. C’est qu’il a été gâté notre petit bonhomme : un lego Ninjago, un puzzle et un cerf-volant. Yianis passe l’après-midi à construire son lego avec l’aide de Noé. Des deux, je ne sais lequel a le plus de plaisir ! Un beau moment de partage !

La journée se termine avec des jeux tous ensemble.

 

Joyeux anniversaire petit matelot !

 

 

Après un mois de voyage, j’ai préparé une petite interview de chaque membre de notre équipage afin de recueillir leurs premières impressions. Voilà leurs réponses :


Karim (toujours le premier à se porter volontaire quand il faut parler un peu !) :

Rédactrice en chef : Karim, est-ce que le voyage te plait ?

Karim : Ouais, assez ! Je me réjouis de visiter de nouveaux endroits. Pour l’instant, je trouve que c’est trop habité. J’aime pas trop les villes.

 

R : Raconte-nous un moment que tu as beaucoup aimé.

K : Pendant la grande traversée, nous avons vu des dauphins et j’aimais bien faire les quarts. Le seul problème, c’est que j’étais un peu fatigué après. (Ce sur quoi Noé rajoute : Les quarts ! T’as dormi tout le long, c’est moi qui ai tout fait !)

 

R : Qu’est-ce qui est pénible sur le bateau ?

K : Il y a des jours où je ne sais pas trop quoi faire. Par exemple, au mouillage, quand on reste au bateau et qu’il y a des méduses car on peut pas se baigner.

 

Yianis (j’ai attendu qu’il ait vu des dauphins pour lui poser mes questions, il était du coup un peu plus positif !) :

   

Rédactrice en chef : Yianis, comment ça va sur le bateau ?

Yianis : ça va car j’ai vu des dauphins, mais y a des fois des alarmes qui me font croire que l’on coule ! (ça, c’est l’AIS ou notre alarme de mouillage !)

 

R : Qu’est-ce qui est chouette sur le bateau ?

Y : C’est avec les dauphins !

 

R : Et alors, qu’est-ce que tu n’aimes pas dans ce voyage ?

Y : C’est que je dois manger des choses que je déteste. Aussi, dès fois, je m’ennuie car personne veut jouer avec moi. Et aussi, les méduses.

 

Dominique :

Rédactrice en chef : Est-ce que le voyage te plait ?

Dominique : Ouais. Pour l’instant, on n’a pas beaucoup avancé et on était un peu en vacances aux Baléares, à profiter du beau temps. On n’a pas encore fait beaucoup de navigation. Le mauvais temps nous rappelle que l’automne arrive et qu’il faut aller au Sud.

 

R : Qu’est-ce qui est pénible sur le bateau ?

D : La restriction de vin et remonter l’annexe à l’arrière du bateau.

 

R : Et enfin, raconte-nous un moment sympa.

D : Tout était chouette même jusqu’aux problèmes ! (Quel homme parfait !!)

 

Noé (le verbal, c’est pas son truc. Il était néanmoins assez motivé pour répondre à mes questions):

Rédactrice en chef : Comment te sens-tu sur ce bateau ?

Noé : Je me sens bien, ça va. Ça me plait parce que j’ai vu des dauphins, des raies et des soles. Ça me plait pas parce que j’ai dû quitter mes copains.

 

R : Qu’est-ce qui est chouette dans ce voyage ?

N : Voir des dauphins.

 

R : Et qu’est-ce qui est plus difficile, alors ?

N : Mes tâches comme faire la vaisselle !

 

Louis (j'ai essayé l'interview, pas facile!):

Rédactrice en chef : Qu’est-ce que tu aimes sur le bateau, Loulou ?

Louis : Sais pas ! … Jouer au duplo, au train duplo j’ai fait, au petit lego.

 

R : Et qu’est-ce que tu n’aimes pas ?

L : Sais pas ! … La fumée des bateaux !

 

Véronique (c’est Karim qui m’a posé des questions) :

Rédacteur Karim : Maman, comment ça va ?

Véronique : Oui, ça va pas trop mal ! Il y a des moments biens et des moments plus durs. Je me sens parfois un peu inefficace lors des navigations. Ça demeure, pour l’instant, le domaine de Dominique.

R : Qu’est-ce que tu as le mieux aimé pendant le voyage ?

: J’ai beaucoup aimé la Cala Coves à Minorque. C’était un endroit très serein. J’aime beaucoup faire du snorkeling avec mes enfants et découvrir avec eux de nouveaux animaux.

R : Qu’est-ce qui est pénible ?

V : Les histoires à régler entre mes enfants et le Capitaine qui repasse derrière moi à chaque manœuvre.

 

Encore dans l'attente de quelques pièces, nous sommes toujours à Port-Camargue, port d'attache de notre voilier.

Il nous reste à recevoir notre tangon. Pour les non-initiés, le tangon est une pièce métallique qui permet de maintenir une voile ronde et souvent colorée à l'avant du bateau, le spi. Il devrait arrivé ce jeudi 16 août. Puis, dès que les vents seront favorables pour un départ agréable, nous lèverons l'ancre.

Entre-temps, un petit inattendu a eu lieu: notre cuisinière a rendu l'âme. En moins d'une demi-journée, une nouvelle cuisinière est installée dans la cambuse par mon mécano préféré. J'avoue être assez soulagée d'avoir pu résoudre ce problème à Port-Camargue, plutôt qu'en pleine traversée.

Les grands ont testé une nuit à la belle étoile sur le pont de Wave Dancer. Après quelques heures, le mistral s'est levé, secouant la bâche et réveillant nos matelots. Retour en couchette vers 3 heures du matin, le visage grimaçant. Quelques jours plus tard, nouvel essai couronné de succès après avoir consulté la météo un peu plus sérieusement.

J'ai profité d'un vent favorable pour m'exercer aux manoeuvres au moteur. Et bien! Heureusement que Dom était à mes côtés pour la marche arrière. Il me reste encore pas mal de pratique à acquérir avant de me sentir sûre de moi! Enfin! Je n'ai rien cassé, c'est déjà ça!

Prochaines nouvelles des Baléares!

 

 

 

Voilà une semaine que nous avons rejoint Wave Dancer. Le mois de juillet a été intense entre la préparation des affaires et l’appartement à vider. Nous n’avons presque rien oublié à part 2kg de viande séchée du Valais et de jambon cru des Grisons achetés spécialement avant le départ. Flûte ! Ça va drôlement nous manquer !

Nous nous activons aux derniers préparatifs de notre voilier. Le départ est prévu jeudi 16 août si les conditions météo sont favorables.

Destination: Les Baléares!

 

Le capitaine travaille d'arrache-pied pour que tout soit prêt: installation de nouveaux panneaux solaires, mise en fonction de notre dessalinisateur, changement du loch, connexion de la girouette en tête de mat, ...

 

Les cales du bateau se remplissent. Nous nous sommes lancés dans une expédition « Courses » : 6 semaines de réserve de nourriture, ça fait peur !

50L de lait, 40L de jus d’orange, 20 kg de farine, 15 kg de riz, 10 paquets de flocons d’avoine, …

Nous avons inauguré un hamac à fruits et légumes et nous avons même encore un peu de place ! Ouf !

 

Nous avons testé un premier mouillage et exercer le maniement de l’ancre. Une fois bien installé, le Capitaine a la bonne idée de monter les drapeaux. Il commence par les pavillons de complaisance suisse et espagnol et n’a pas le temps d’installer le pavillon français à l’arrière du bateau que les gendarmes nous approchent. On ne rigole pas avec le pavillonage en France ! Seul le pavillon français sera désormais monté sur notre voilier lorsque nous serons dans les eaux françaises. Cocorico !

Pointilleux à souhait, notre belle éolienne One Piece ne leur plait pas non plus. A recouvrir ! Le Capitaine, artiste à ses heures perdues, grommelle !

 

Du côté des moussaillons, l’organisation de leurs affaires n’est pas facile. Je ne compte plus les « Qui a laissé trainer ce livre ? », « Maman ! T’as pas vu ma casquette ? » Dans ce bateau pleins de cachettes et avec les petites mains de Louis qui s’amusent à déplacer tout ce qu’il trouve, les disparitions sont fréquentes.

A bientôt!